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A tout ceux qui n’ont pas eu la chance de prendre Concorde, nous allons essayer de vous faire partager le vol AF4334 du 24 mai 2003 comme si vous étiez.

Notre vol Concorde a accueilli son 22.000ème passager en mai 2007

Rappel: Ce Concorde est entré au musée du Bourget le 14 Juin 2003

 

BIENVENUE A ROISSY CHARLES DE GAULLE POUR UN VOL A DESTINATION DE ROISSY CHARLES DE GAULLE !

 

24 Mai 12H00

Ouf, pas de grève, le TGV est pile à l’heure, nous avons juste le temps de jeter un coup d’oeil au magnifique hall F et sa ligne à la concorde et il est temps de rejoindre le lieu d’embarquement (hall A) et direction le "Lounge" grâce au précieux sésame le boarding pass Concorde ! Avec cela c’est Champagne et apéro à volonté en attendant l’embarquement !

 

 

 

 

EMBARQUEMENT

Début de l’embarquement, euh de la séance photo de la super bête:

(regarder l’empennage)

On constate que les gouvernes de dérive sont dans un sens opposé, ceci vient du fait que les systèmes hydrauliques ne sont pas encore sous pression et que donc les gouvernes vont au vent.

13h40
Pointu l’engin !

A noter l’aileron canard stabilisateur aussi appelé moustache par les mécanos (il y en a une de chaque coté)

13h50
On embarque, vue sur le poste de pilotage

Le commandant (CDB), le copilote (OPL) et que l’officier mécanicien naviguant  (OMN) font la check liste.

Alors on ose le prendre cet engin ?

13h51
Bien sûr avec un sourire pareil !

Première impression: Étroitesse de la cabine mais quelle est longue la cabine. La cabine est séparée en deux par la zone cuisine et toilette, je n’avais jamais remarqué ce détail. Il y a donc 2 cabines dans Concorde ‘Avant et Arrière’

Bon, nos places c’est 28A et 28B c’est tout au fond et au dessus des moteurs, il parait que c’est là que cela donne le plus, donc pour ressentir la machine c’est la meilleure place !

Les habitués du confort sont au premier rang, là pas de bruit.

Je m’assieds, et je regarde à travers le minuscule hublot  environ 12cm de haut et 10 cm de large. Le verre est très épais et dans son emboîtage conique il ne peut donc pas sortir… Saviez que les hublots sont microscopiques pour quand cas d’explosion de l’un d’eux la vitesse de dépressurisation soit le plus possible freinée pour éviter un choc terrible aux passagers. Le Concorde circulant à 18.000 mètres c’est presque le vide à l’extérieure.

ROULAGE

14h05
 

 

14h10

 

 

 

 

 

 

 

 

On roule pour la 27 (piste Nord de Roissy) 27 comme 270 degrés ==> pleine Ouest.

Décollage vers l’ouest donc pas de virage après le décollage

Le temps n’est pas terrible, peu importe le soleil nous attend dans quelques minutes

 

14h19

J’en profite pour régler mes instruments: Altitude 387 pieds pour simplifier je règle mon altimètre sur 100 mètres pour mesurer les variations de pression cabine

Compteur Geiger: mesure du bruit de fond (radioactivité naturelle au niveau du sol à Roissy ce jour) : 0.08 mSV/heure on dit milli Sivert par heure (valeur très faible

DÉCOLLAGE AF4334

 

14h25

Alignement et décollage, moteur à fond

Évidement je suis un très mauvais preneur d’image car je profite aussi de l’instant…

Coté Bruit, je suis très surpris du faible niveau sonore des moteurs à l’intérieur de concorde, aucun problème pour continuer à discuter avec mon voisin

14h27

 

 

 

 

 

Post combustion coupée, on ressent un ralentissement (en faite une diminution de l’accélération). On entre déjà dans la couche de nuages, on ne reverra pas le sol avant de toucher la piste au retour car le temps va aller en s’aggravant.

Pression cabine 350 mètres.

Concorde est un avion hyper stable on dirait que les ailes sont en béton: rien ne bouge aucunes turbulences y compris dans les nuages pourtant porteur d’une prochaine grosse averse.

14h29

Sensation extraordinaire d’une accélération qui n’arrête pas nous voici déjà à 8300 mètres en vol subsonique en direction du Havre

Le Machmètre est déjà presque à 1, on va déjà plus vite qu’un 747 qui a atteint sa vitesse de croisière…

14h32
Vertical Évreux 10000 mètres

14h34

Franchissement Du mur du son

Le Machmètre "AirFrance"

14h36
Passage du havre,

la post combustion est allumée, l’accélération est repartie de plus belle et 50 secondes plus tard

14h37

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mach 1.02 sans aucun bruit! en dehors du crépitement des flashs et des appareils de photos.

Eh oui, le voilà le fameux Machmètre: un petit panneau lumineux sur fond bleu

14h38

Concorde accélère de plus belle, on ressent de nouveau dans le dos une poussée constante comme dans la phase de montée initiale.
La vitesse va encore plus que doubler pour atteindre 2400 Km/heure.

Un petit point sur mes instruments de bord !

Pression cabine: 1700 mètres  estimation altitude plus de 10000 mètres (d’après le temps de vol)

Compteur Geiger: 2.7 mSV/heure  Mon compteur crépite à une valeur que je n’avais vu qu’en visitant la centrale nucléaire du Buget (pour être précis le hall d’accueil visiteur la ou il y a la présentation d’échantillon naturelle d’uranium) car dans la centrale je n’avais mesuré aucune radio activité anormale. Cette valeur approche de la valeur limite ou une exposition permanente  pourrez causer des préjudices de santé. Dans notre cas présent aucun problème. Compte tenu de la valeur mesurée au sol il n’y a pas une crise solaire en cours.

REPAS DE LUXE A 2400Km/heure

14h49

La vitesse va encore plus que doubler pour atteindre presque 2400 Km/heure à 18300 mètres d’altitude en 10 minutes.  Ce plan de montée est beaucoup plus fort que dans le cadre d’un Paris – New York ou la montée à 18000m en vitesse supersonique se fait en 35 minutes

            MACH 2 ! Champagne

Deux de nos charmantes hôtesses entament avec la plus grande peine la remonté du couloir centrale en poussant un chariot contenant les plateaux.
Analysons la scène:

1 – Nos 2 hôtesses sont loin d’être à 90° par rapport au sol ! je tente de me redresser sur mon fauteuil et constate que l’assiette de Concorde est peut être à cabrer de 10° ou 15°

2 – Notre "court" voyage en boucle, oblige nos hôtesses à démarrer le service avant la fin de la montée rapide de concorde (en effet il faut rapidement monter dans les couches peu denses de l’atmosphère) pour maintenir une température extérieure de la carlingue en dessous de 150°C, aussi même à deux nos hôtesses doivent d’une part faire grimper sur une pente de 15 à 20 pourcent le chariot mais aussi lutter contre l’accélération, l’assiette de l’hôtesse dans l’effort accentue l’impression d’une inclinaison très forte. Un fois ce repère mémorisé, on constate que l’avant de l’appareil vu du couloir est en l’air !

Par curiosité je touche le hublot pour voir si cela chauffe, rien de spécial.

 

14h50
Annonce paramètres: 600 mètres par seconde – Temp Ext -50°C – Température du nez de Concorde +128 °C –

14h55
Pendant que les passagers des premiers rangs mangent continuons nos mesures:

2100 Km/heure !

La pression cabine est mesuré par une montre avec baromètre, altimètre-intégré

 

 

 

 

 

 

 

 

Pression cabine: 2000 mètres  estimation altitude plus de 17000 mètres (d’après le temps de vol)

Compteur Geiger: 3,3 mSV/heure Cette valeur sera le maximum relevé du voyage (41 fois plus qu’au sol, voila encore une bonne raison pour la protéger notre atmosphère, et Concorde sur ce point n’est sûrement pas un avion Écologique, mais y a t-il des avions Ecolo?…)

Concorde parcourt en ce moment plus de 600 mètres à chaque seconde, bien plus que la vitesse d’une balle à la sortie d’un fusils…

Remarquez comme le haut du ciel est plus sombre

14h56

Sortez les freins !  La boucle au dessus de l’Atlantique étant presque fermée (300 Km en approche des îles de Guernesey) si l’on ne freine pas on sera verticale Roissy dans 15 minutes, le pilote annonce qu’il faut sortir rapidement du vol Supersonique avant les îles de Guernesey sous peine de détruire tous les carreaux des fenêtres des petites maisons de l’îles Anglo-normande!
Au faite, regardez bien cette photo, bien que l’on soit presque au sommet de notre vol, le champagne est encore très incliné dans mon verre ! Concorde a toujours une assiette cabrée !

On ressent immédiatement l’arrêt de l’accélération et le passage en décélération, cela tombe bien cela m’aide à redresser mon fauteuil et commencer à déguster le repas que l’on vient de me servir…

Pour mémoire cela fait 31 minutes que l’on a décollé, bon sang mais tout va trop vite ici !

Bon alors dégustation, pour le plaisir Champagne, vin blanc et super Bordeaux 1987. Le homard parfait, le foie gras composé de deux viandes, la petite sauce au citron servi dans un flacon de parfum, vous voyez c’est le top! Fromage plus que parfait coulant et truffé à point et pour finir ce gâteau au café avec sa petite feuille d’or…, bon allez une fois dans sa vie.

15h00

Retour à la technique, je retouche le hublot cette fois il est chaud et pourtant je ne suis pas du coté du soleil, on comprend mieux pourquoi les arrivées sur New York c’était toujours un peu chaud… car on est en vol supersonique que depuis 14 minutes.

Au faite savez vous que l’air de la cabine est refroidi grâce à la chaleur massique (inertie thermique) du kérosène… L’air passe dans un échangeur Kérosène Air pour être refroidi, il faut espérer que l’échangeur reste étanche. En 1960 les ingénieurs n’avaient pas froid au yeux, comme ceux qui ont construit le LEM lunaire et c’est pour cette raison qu’il est impossible de retourner sur la lune ou reconstruire un Concorde, trop de sécurité tue l’avancé technologique à cause de la masse des objets de sécurité.

RETOUR SUR TERRE

15h37

La cabine de pilotage du Concorde en vol, il va falloir en faire son deuil vous pensez un Concorde rempli de 96 passionnés, je compte sur les passagers de l’avant pour recevoir des photos et les mettre sur le site pour vous en faire profiter. Cette photo a été prise après le décollage car il était impossible de circuler durant la visite de la cabine

Mach 0.69, il faut laisser un peu de temps au temps, coté pression cabine il va falloir passer de 2000 ml à 70ml et je suis un peu inquiet car cela va faire beaucoup en peu de temps.

15h48

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pourquoi cette image ? J’ai des grandes jambes alors constatez qu’il me reste encore un bon 15 cm avant le siège de devant même sans déplier la table. Quand à la position quasi lit elle est impressionnante, mais avait-on le temps de dormir dans Concorde, non juste le temps d’un bon repas et vous voila à l’autre bout du monde.
Quant à la descente, aucune douleur aux oreilles alors que la pression cabine est déjà à 350 mètres. Alors est ce l’avion ou la dextérité de l’équipage qui a dosé patiemment et régulièrement la remonté en pression de la cabine ?

15h49

Sol en vu, dommage le temps c’est fortement dégradé. En tout cas pas la moindre vibration, pas la moindre turbulence ressentie on a l’impression de voler dans un fer à repasser comme un peu dans la navette spatiale. C’est a se demander si dans un avion classique ce n’est pas l’élasticité des ailes qui amplifie l’inconfort des turbulences en cabine. Bien qu’étant sur le dernier rang le sol est parfaitement visible. Concorde avance maintenant à un train de sénateur par rapport à sa vitesse maxi mais court vers la longue finale sur Roissy. Nous sommes déjà à une minute de l’atterrissage.
Houlà cela va bien vite pour atterrir…

 

15h52

Atterrissage dantesque à cause de la vitesse et le tout sous la pluie,. Observez bien la rotation de Concorde en observant la variation de l’assiette des hublots qui change vis à vis de l’horizontal. Bon j’ai pris le film avec mon appareil de photo en mode rafale. Bon évidement pour passer sur le web c’est super compressé donc pas terrible…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Observez le brouillard du au vortex d’air humide se formant au dessus de l’aile delta qui a accentué mon impression de très mauvais temps vu de l’intérieur de Concorde.

16h00


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Zut, j’ai déclanché trop tard, on voit encore la fin du groupe de fan de Concorde sous la pluie, mais il y avait aussi des drapeaux Français, des grandes pancartes et une bonne centaine de personne, mais Concorde même au sol va trop vite.

Bravo car sous la pluie c’est courageux de nous attendre et d’encourager l’équipage qui a les larmes au yeux pour leur dernier vol sur Concorde.

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