Le pétrole se fait discret. A juste titre ?
Cécile Chevré
Plus de 80 $ le baril. C’est dans une presque parfaite indifférence que le cours du pétrole grimpe ces derniers jours.
Tous les yeux sont tournés vers son brillant compère, l’or. Il faut dire que contrairement au métal jaune – qui a battu sommets historiques sur sommets historiques –, les plus de 80 $ le baril ne peuvent rivaliser avec les 145 $ de juillet 2008. Pour un peu, on jugerait médiocre le plus haut annuel.
Qu’est-ce qui fait grimper le pétrole ? Si on s’en tient à la bonne vieille règle de l’offre et de la demande, l’or noir ne devrait pas flamber. Pour le moment, la demande mondiale est plutôt atone, et ce même si, la semaine dernière, l’Opep a publié des prévisions de demande mondiale en hausse pour 2010. Elle devrait augmenter de 0,8%, au lieu des 0,6% anticipés jusqu’à présent.
Quant à l’offre, elle est en légère augmentation cette année. "Brésil, golfe du Mexique, Sierra Leone, plusieurs gisements ont été repérés cette année battant en brèche l’idée qu’il n’y a plus de pétrole à découvrir", annonce, confiante, La Tribune. Nous vous en avions parlé dans une précédente Quotidienne au moment de la découverte d’un gisement au large du Brésil. Avant de crier à la manne pétrolière, un rapide examen de ces nouveaux gisements permet de tempérer l’optimisme de ceux qui pensent que le pétrole va continuer à couler à flots pendant de nombreuses décennies encore.
Premièrement, les gisements découverts dans le golfe du Mexique ou au large du Brésil sont situés à plusieurs kilomètres sous le niveau de la mer, ce qui augmente les coûts d’extraction et réduit les quantités de pétrole qui pourront effectivement être prélevées.
Deuxièmement, si on compare l’estimation du nombre de barils qui pourront être extraits du "gisement géant" découvert dans le golfe du Mexique (600 à 900 millions selon BP, le découvreur) à la consommation mondiale journalière (84 millions/jour en 2008), on arrive à un peu plus d’une dizaine de jours de consommation.
Au cours du premier semestre 2009, c’est près de 10 milliards de barils qui ont été découvert, nous apprend La Tribune, soit quatre mois de consommation mondiale. Le peak oil (le moment où l’offre de pétrole va décliner à cause de l’épuisement des réserves) est-il vraiment si enterré que cela ?
Quoi qu’il en soit, pour l’instant, nous n’en sommes pas là. Les cuves américaines sont remplies de pétrole. A se demander où ils vont bien pouvoir les stocker si la consommation ne se reprend pas rapidement.
Si nous résumons, demande stagnante, offre en hausse, et pourtant le pétrole continue de grimper. Les investisseurs anticipent peut-être l’explosion de la demande d’énergie que devrait entraîner le retour de la croissance…
Plus simplement, la hausse du cours du pétrole est largement imputable au bouc-émissaire de la planète finance : le dollar. Tout comme l’or, le brut
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